Bien au contraire ! L’agriculture paysanne vise à produire suffisamment de ressources pour répondre au besoin du territoire dans un souci d’efficacité économique et de respect de l’environnement. Pour y parvenir, les paysans ont choisi de revenir aux fondamentaux de l’agronomie.
A contrario, les pratiques productivistes engendrent une forte dépendance aux industriels, sont néfastes pour la biodiversité et ne permettent pas de produire des aliments sains.
C’est important d’un point de vue économique et social : sur la même surface totale, un plus grand nombre de fermes permet de produire plus de valeur ajoutée qu’une seule grande ferme et représente plus d’emplois.
C’est aussi important pour le monde agricole, cela leur permet de bénéficier d’un service agricole commun et de pouvoir s’associer à d’autres pour faire des économies en achetant du matériel groupé ou pour se dégager du temps libre, pour s’entraider, pour pouvoir un jour transmettre leur ferme.
Et du point de vue du citoyen, cela maintient un tissu rural vivant et un lien humain entre les consommateurs et les producteurs !
Or le modèle agricole actuel conduit à la diminution du nombre de fermes en ne soutenant que l’agrandissement et l’industrialisation de l’agriculture.
Les chiffres du dernier recensement sont frappants : En 10 ans 1 ferme sur 4 a disparu, 200 fermes disparaissent chaque semaine.
Rachetées par de grandes exploitations agricoles ou destinées à l’urbanisation, ces terres sont perdues pour l’agriculture paysanne.
Non, l’agriculture paysanne ne se traduit pas par un label commercial. C’est une démarche qui invite l’agriculteur à interroger ses pratiques actuelles en vue de tendre vers un modèle respectueux de la nature, des hommes et économiquement viable.
La transparence vis-à-vis du consommateur fait partie de la démarche d’agriculture paysanne et les labels peuvent être un bon moyen d’y parvenir. D’autres initiatives peuvent aussi amener à davantage de transparence pour le consommateur. L’ouverture de sa ferme au public, la collaboration avec d’autres paysans ou le partage de ses bonnes pratiques participent aussi à cet effort de transparence
L’agriculture paysanne est une approche globale qui s’oppose au modèle productiviste et qui promeut une agriculture respectueuse de l’environnement et des Hommes, économiquement viable et proche des consommateurs. Plusieurs années de travail entre paysans et chercheurs ont permis d’aboutir en 1998 à la formalisation d’une charte de l’agriculture paysanne. 3 dimensions clés déterminent l’agriculture paysanne :
- La dimension sociale qui implique une solidarité entre agriculteurs et qui permet à chacun de pouvoir vivre décemment de son activité agricole.
- La dimension économique qui induit que l’activité du paysan soit économiquement viable.
- Le respect des consommateurs et de la nature qui est la condition sine qua non pour garantir une alimentation saine et préserver la biodiversité.
10 principes fondamentaux permettent au paysan de positionner ses pratiques vis-à-vis de celles valorisées par l’agriculture paysanne.
Les 10 principes tels qu’ils sont présentés dans la charte de l’agriculture paysanne sont :
- Répartir les volumes de production afin de permettre au plus grand nombre d’accéder au métier et d’en vivre.
- Être solidaire des paysans des autres régions d’Europe et du monde.
- Respecter la nature.
- Valoriser les ressources abondantes et économiser les ressources rares.
- Rechercher la transparence dans les actes d’achat, de production, de transformation et de vente des produits agricoles.
- Assurer la bonne qualité gustative et sanitaire des produits.
- Viser le maximum d’autonomie dans le fonctionnement des exploitations agricoles.
- Rechercher les partenariats avec d’autres acteurs du monde rural.
- Maintenir la diversité des populations animales élevées et des variétés végétales cultivées.
- Raisonner toujours à long terme et de manière globale.
Enfin, la charte de l’agriculture paysanne présente, à travers 6 thèmes clés, les conditions concrètes d’application de ses principes. Ces 6 thèmes sont :
- Le travail avec la nature
- La qualité des produits
- Le développement local et la dynamique territoriale
- L’autonomie
- La répartition des volumes et des moyens de production
- La transmissibilité
Crée en 1984, la Fédération des ADEAR a réuni les paysans de la Confédération paysanne pour proposer un modèle agricole permettant à des paysans nombreux de vivre décemment de leur travail.
Ces groupes de travail, s'appuyant sur l'expérience et les savoirs des paysans et en partenariat avec des chercheurs, ont abouti en 1998 lors du colloque de Rambouillet à la création d'une Charte de l'Agriculture Paysanne.