Transmettre sa ferme
La transmission : un enjeu majeur pour l’agriculture paysanne
La question de la transmission des fermes paysannes se pose à l’échelon national, l’enjeu étant d’éviter qu’elles ne disparaissent. En région Centre-Val de Loire, un accompagnement personnalisé se met en place.
Cet accompagnement s’appuie en grande partie sur l’expérience des paysannes et paysans qui ont déjà transmis leur ferme, qui connaissent donc les aléas et les bonheurs de cette phase délicate tant pour le cédant que pour le repreneur.
Cette complexité est à la fois d’ordre économique – transmettre un patrimoine agricole auquel on est attaché – , technique – transmettre un savoir et un savoir faire acquis en une vie de travail – et qui touche également des paramètres psychologiques liés à tout départ à la retraite.
Les rencontres organisées par les ADEAR pour les futurs cédants portent donc sur l’ensemble de ces critères, qui vont permettre un passage de témoin en douceur. Le réseau régional favorise également le rapprochement entre candidats à l’installation et futurs cédants pour sur les projets des uns et des autres aboutissent autour de valeurs partagées.
Témoignages
Claude Leclerc, paysan à Nesploy (45)
élevage de bovins lait sur 45 ha
« Laisser le repreneur libre de ses choix. »
Claude Leclerc, éleveur laitier de 59 ans, pense à la transmission de sa ferme depuis plusieurs mois. Il a participé à une rencontre organisée par l’ADEAR 45, qui lui a permis de s’interroger notamment sur le « lâcher prise ». « C’est important d’accompagner le jeune repreneur pendant au moins 1 an pour lui transmettre aussi notre connaissance des terres et des bêtes, mais il faut aussi apprendre à le laisser libre de ses choix ».
C’est aussi là qu’il a rencontré un jeune qui cherche à s’installer, et ils construisent ensemble le projet de transmission
Yveline Vénier, paysanne à la retraite (41)
« Au début, nous devons garder le lien pour transmettre notre savoir et rassurer. »
Yveline Vénier a transmis sa ferme à sa fille, Margaux. Elle a été accompagnée dans sa démarche par l’ADEAR. « C’était bien de rencontrer d’autres paysans, nous avons pu partager nos peurs et nos inquiétudes ». Les deux femmes ont travaillé ensemble pendant un an. « Cela a permis à Margaux de découvrir les aléas de la ferme » explique Yveline qui désormais est en retrait et aide en cas de besoin. Pour elle, dans toute transmission, « au début, nous devons garder le lien pour transmettre notre savoir et rassurer ».
Aujourd’hui, Yveline s’engage pour aider d’autres à passer le cap de la transmission de leur ferme.
Margaux Boitard, paysanne à Chailles (41), sur 100 ha céréales et maraîchage
« Salariée pendant un an pour se préparer, anticiper. »
Margaux a toujours eu le projet de reprendre la ferme familiale. Elle a pris le temps d’autres expériences professionnelles, puis elle y a été « salariée pendant un an pour se préparer, anticiper ». Elle a aussi suivi la formation de l’ADEAR, « de l’idée au projet ».
Pour elle, la transmission d’une ferme familiale est « peut-être plus complexe qu’une transmission hors cadre familial ». La question économique, toujours tabou et pourtant inévitable, est l’une des raisons de cette complexité. Aujourd’hui Margaux a de nouveaux projets, notamment celui de convertir les terres à l’agriculture biologique.
Le programme d’accompagnement proposé par les ADEAR
Les ADEAR proposent :
- des rencontres collectives entre cédants, et d’autres entre cédants et porteurs de projet ;
- un accompagnement individuel des cédants ;
- des formations sur l’élaboration de le projet de transmission, les différentes étapes et les démarches administratives.
Par ailleurs, les animatrices/animateurs des ADEAR organisent régulièrement des soirées de sensibilisations à la question de la transmission lors de projections-débats à destination des professionnels et du grand public.